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Les rituels en art-thérapie

Par Le 31/01/2023

Il était une fois, deux fois, trois fois...les rituels en art-thérapie...

« Les rituels peuvent être perçus comme des stratégies de défense et de protection : Celles-ci peuvent être différentes d’un individu à un autre. Mais lorsqu’elles prennent une forme stable pour devenir, dans certains cas, une conduite quasi-obligatoire, elles constituent alors des rituels. (Picard, 1996 (a) : 29)

« Etudier la notion de rituels c’est découvrir l'existence de plusieurs termes très proches sémantiquement. On rencontre des termes comme « rituel » ou « routine ». Là aussi les théories divergent. Par exemple, certains sociologues, comme Javeau, justifient la différence entre rite et rituel par une dichotomie religieuse / profane. Le « rite » correspondrait à tout ce qui relève du religieux et du sacré, et le « rituel » serait associé à tous les actes profanes. »

Le rituel est donc un vaste sujet multidimensionnel. On peut l'appréhender par le biais de l'éthologie, de l'ethnologie, de la psychologie sociale, de la psychologie, de l'anthropologie... Il appartient à la fois, à la sphère intime et collective. Loin de moi de faire un plongeon dans l'étude des rites ou des rituels pour en faire émerger tous les tenants et aboutissants.

Il n’y a pas de culture sans rituel et pas d’individu sans rituel ou sans référence, sinon c’est l’aliénation. On voit également des rites structurants dans les traditions nationales ou régionales : dans l’art, l’artisanat, les costumes, les mœurs, l’alimentation, l’architecture…, qui forgent l’identité du groupe. On peut souligner le cousinage entre rite et habitude. On a tous des habitudes, presque des rituels. Le problème est que lorsque la raison des habitudes est ancienne, on a oublié la raison du rituel ; on est amené à reproduire, sans plus.

« Les rituels ont tendance à être dévalorisé de nos jours. On s’en moque, ou on voit leur côté formel et contraignant, et on les évacue. Certes, ils peuvent devenir enfermant s’ils sont rigidifiés et obligatoires alors qu’en fait, ils ont perdu leur âme. Ils ont sans cesse besoin d’être revitalisé, réactualisé. D'où l'intérêt d'y associer la créativité pour les renouveler.

Le rituel a pour fonction de donner des repères dans l’espace et dans le temps, il est un élément structurant de la vie, il rythme les saisons, les âges, il donne de la profondeur et de l’importance aux différents moments charnières de notre vie : naissance, mariage ou PACS, funérailles, fêtes, anniversaires, diplômes etc. »*

Les rituels jouent un rôle structurant au quotidien et apaisent les angoisses. Par exemple, l'histoire du soir avant le coucher est un moment privilégié entre le parent et l'enfant, qui est prédictible et sécurise l'enfant. Je le vois personnellement lorsque je couche mes enfants, ils ont tout un ensemble de petits rituels auxquels on ne peut déroger et je respecte profondément ce besoin. Je remarque comme beaucoup de parents que les rituels vont aider l'enfant à se séparer (aller se coucher, aller à l'école, …), à s'individualiser, à grandir en toute sécurité. La peur de l'abandon est naturellement présente chez l'humain. Cette peur peut être réactivée à chaque séparation, à chaque moment de transition et accentuée par différentes carences affectives, traumatismes, événements de vie douloureux... Notre quotidien est juché de mini deuils symboliques qu'il nous faut en tant qu'enfant et adulte traverser. Les rituels sont une aide précieuse.

Ils vont permettre le développement de la mémoire, de la confiance en soi, le développement de compétences telles que les capacités d’anticipation, d’organisation de l’espace et du temps, et donc, vont permettre la transmission."**

Les rituels sont donc des contenants qui permettent d'être contenus. Ils jouent un rôle de pare-excitation.

L'objet du rituel :

Le rituel trouve sa force dans un objet, un geste, une parole, un son, une odeur, une date clé (sapin de noël, œuf de pâque, alliance pour le mariage...) Ils sont les supports du rituel car ce dernier est concret. Il se matérialise à travers l'objet. Il vient symboliser le rituel.

Les rituels sont présents voir omniprésents dans le cadre en lui-même et dans certains de mes dispositifs que j'ai mis en place où les aspects socio-culturels sont devenues une source d'inspiration.

Lors des séances en art-thérapie, le cadre lui-même est un rituel toujours jalonné des mêmes gestes dans un ordre précis :

L'accueil à la porte qui marque le début de la rencontre (un salut verbal), l’échange verbale, la relaxation puis l'invitation à la création, l'échange sur la production. Je finis toujours la séance par la même phrase puis nous regagnons mon bureau où nous réglons les détails (règlements, prochaines prises de rdv...) et la séance se termine par un raccompagnement à la porte que j'ouvre et nous nous saluons.

Tout cela forme le contenant sécurisant pour la personne accueillie. Par sa répétition, sa prédictibilité il devient rituel. Il forme une enveloppe psychique essentielle au bon déroulement de la séance. A ces rituels peuvent s'en rajouter d'autres si le besoin se fait sentir. En effet, lors des séances auprès d'un jeune enfant qui avait un grand besoin de sécurité affective, je lui ai proposé de commencer et de finir la séance par l'écoute du son d'un bol chantant. Le son a eu ce rôle d'envelopper les sens, de marquer le début et la fin. Au sein de cet espace, c'était son lieu à lui. Il s'assurait à chaque séance que le bol était prêt à « chanter ».

La thérapie reprend les étapes de la vie où il y a une cassure, une blessure, un blocage dans l'évolution de la personne. En art-thérapie il s'agit pour la personne de rejouer ces événements pour les revisiter, les remanier, pour en faire quelque chose d'acceptable à travers le processus de création.

C'est à ce niveau que les dispositifs en art-thérapie vont pouvoir s'inspirer en partie des rituels, des rites déjà préexistant dans les différentes cultures.

J'accompagnais une personne qui souhaitait se défaire de sa part guerrière/masculine/agressive pour retrouver une paix intérieure. J'ai cherché du côté des rituels du deuil pour symboliser cette fin, cet « au revoir ». Je précise qu'il y a eu toute une phase d'expression avec d'autres supports auparavant. Cette personne était arrivée à un stade où ce « guerrier  trop actif» empêchait sa part féminine de s'épanouir notamment sa créativité (propos recueillis directement de la personne).

J'ai découvert qu'en Écosse, il y a longtemps les personnes endeuillées constituaient des poupées avec des morceaux de vêtements du défunt. La poupée est un élément/outil utilisée depuis le début de l'humanité. Qu'elle soit utilisée durant des rites magiques, qu'elle représente une personne, qu'elle soit objet de sacralisation, de projection ou tout simplement objet de rencontre, de jeu, d'apprentissage entre un enfant et son univers, la poupée accompagne l'être humain depuis bien longtemps. Il suffit de visiter le musée Jacques Chirac, on la retrouve sur beaucoup de continents.

Je lui proposa alors de confectionner une poupée avec pour base 4 bâtons ficelés sous une forme de T et cette poupée représenta sa part guerrière qu'elle ne voulait plus. Elle la forma avec du papier journal et des bandes de plâtre puis l'habilla avec du tissus et accessoires en lien avec son histoire en partie. Un lien se créa avec cette poupée, elle exprima des émotions de tristesse, de reconnaissance pour la force qu'elle lui avait apporté durant ses moments difficiles.

Je m'inspire par la suite de Los dios de Muertos du Mexique où la population effectue des offrandes pour les défunts. Je lui propose alors de réaliser des offrandes pour l'aider (le guerrier) à passer dans l'autre monde. J'ai suivi les différents rituels que l’on retrouve lors des enterrements. Le linceul ainsi que les offrandes ont fait partis des étapes de son processus. Elle constitua elle-même ses offrandes puis lui déposa instinctivement à ses pieds. Beaucoup d'émotions l'envahirent. Elle le laissa partir … A la question où part il ? Elle répondra avec un discours proche du paradis, des étoiles, de la légèreté.

C'est aux séances suivantes que j'ai vu l'évolution : tenue plus féminine, poignée de main moins ferme, plus de souplesse dans le raisonnement, plus de lâcher prise dans sa créativité. Mais également, un rêve qu'elle qualifiera d'intense où elle prenait dans ses bras son enfant intérieur. Elle n'avait pas fait de rêve positif depuis des années.

Avec ce protocole, il eut un avant et un après dans sa thérapie. A cela, d'autres dispositifs auraient pu être proposés comme le chant ou la danse... D'abord une lettre de gratitude puis des objets : fleurs, bijoux, dessins...

Ce dispositif l’a mise en contact également avec sa spiritualité, ses croyances. Cela a apporté de la force et de la profondeur à son cheminement. Cette personne a par la suite mis en avant ses croyances. C'est en cela, que ce dispositif a ouvert un espace spirituel en elle, qui lui ait propre, intime.

Boris Cyrulnik dans son livre Psychothérapie de Dieu, explique que les croyances (évidement bienveillantes) sont des soutiens pour les patients atteints de traumatismes. Il explique que les recherches effectuées à ce sujet montrent qu'une personne racontant son traumatisme sans faire intervenir aucune croyance, à son amygdale qui s'affole. Mais si on lui demande de raconter à son dieu ou sous forme de prière le même épisode, son amygdale ne réagit pas du tout de la même manière, d'autres parties du cerveau s'active et apaise les émotions négatives. La foi en plus grand que soi soutenant et bienveillant serait une aide dans le processus de résilience.

Le rituel met en lumière une autre dimension oubliée de notre être : notre spiritualité. 

« Les rituels sont une façon de rendre à la création un peu d'énergie que nous n'avons de cesse de recevoir. Ils ramènent l'aspect du sacré dans nos vies. Les rituels possèdent une part de mystère. Ils sont là pour nous rappeler que la vie ne se possède pas entièrement, que toujours quelque chose nous échappe. Il y a dans la vie de l'inexpliqué que le rituel matérialise et symbolise. »**** 

On assiste aujourd'hui à un renouveau du rituel : cercles de nouvelles lunes, tentes rouge,... Autour de ces rituels, on y retrouve des constantes comme s'asseoir en cercle, se tenir les mains, allumer des bougies, brûler de l'encens, ... 

Pour Dominique Owen, formée à la psychologie sacrée, nous avons besoin de pratiques qui reconnectent au langage symbolique de l'âme et qui répondent aux besoins criants de la communauté. A la jonction entre la psychothérapie et la spiritualité, ils sont un complément remarquable. Alors que la psychologie démêle nos scénarios de vie et les traumatismes de l'enfance, le travail ritualisé, lui, ouvre la porte de l'âme humaine en créant notamment du sens, en impliquant le corps dans l'acte qui marquera le passage. 

En art-thérapie, il appartient au patient d'interpréter si cela lui parle en termes de spiritualité ou non. Mais la culture, les rituels et l'art sont intimement liés.

Il me semble que les outils, les supports des rituels culturels tels que le conte, la poupée (sous toutes ses formes), le masque, le chant, la danse, la musique, allumer une bougie, etc. ..viennent chercher en profondeur la psyché pour l'amener à conscientiser tout en la soutenant. Les rituels viennent chercher l'être originel qui nous habite. Ils peuvent aider la personne à se révéler, à se recréer, à se relier aux autres. Le monde matérialiste, tel qu’il est, ne nous satisfait pas toujours ; même si la plupart des rites échappent à la rationalité, il nous faut de la transcendance. Décidément : «  l’homme est un animal rituel ! » (Wittgenstein) ***

Angélique VINCHON, art-thérapeute
 

*https://www.cairn.info/les-conduites-rituelles--9782130419709-page-6.htm#:~:text=En%20ethnologie%20et%20en%20sociologie%20les%20rituels%20d%C3%A9signent%20un%20ensemble,pur%20et%20de%20l'impur.

**https://www.cairn.info/revue-actualites-en-analyse-transactionnelle-2009-2-page-53.htm

***https://cafes-philo.org/2011/04/lhomme-et-les-rituels/

****magazine Inexploré « Rituels »

Accueil

L'art-thérapie, un espace d'accueil inconditionnel

Par Le 06/01/2021

L' art ou plus précisément la créativité, a toujours été pour moi une ouverture sur un autre monde, un espace de liberté où l'on pouvait se réinventer à l'infini.

L'art-thérapie permet non seulement d'accéder à cet espace mais aussi de se libérer des poids du passé, se découvrir, se re-découvrir... L'atelier de l'art-thérapeute est un espace hors du temps où via une  « porte créative » les personnes revisitent leur histoire pour en faire un autre récit. Elles découvrent leurs forces intérieures, la possibilité du détachement et de l'acceptation.. Un sacré voyage ou un voyage Sacré en soi, aux pays des couleurs, des formes, des traces, des ombres, des lumiéres et de l'éphémére...

En tout temps mais particulièrement lors de temps agités, l'art  devient refuge, il protége des tumultes extérieurs. Il devient un espace de respiration. L'art-thérapie est aussi un lieu où l'on dépose, se repose, se métamorphose. C'est un lieu « magique » où les énergies négatives ont cette occasion de se transmuter en une belle énergie solaire. Le processus de création présent dans l'art permet de se connecter à l'énergie du phénix. Ce magnifique oiseau myhtique qui sait renaître de ses cendres. Il traverse ses ombres, les laisse mourir pour renaître à sa lumiére. 

L'art-thérapie ne change rien aux faits mais elle permet un détachement, une distance Elle permet d'accéder à un autre point de vue, de percevoir une autre issus. Elle peut être aussi un espace de silence, parfois un espace vide où rien ne vient (la page blanche). Cela est nécessaire pour acceuillir la nouveauté qui se profile à l'horizon. Car oui, il faut bien faire de la place, faire le vide pour laisser entrer dans nos vies le renouveau.

L'art et l'art-thérapie deviennent alors des lieux d'acceuils inconditionnels : des lieux qui nous acceptent tel que l'on est avec notre singularité, nos ombres, nos travers...

L'atelier de l'art-thérapeute acceuille avec bienveillance son visiteur. Il met à sa disposition : crayons, feuilles, peintures, outils en tout genre pourvu que celui-ci (le visiteur) y trouve sa porte d'entrée vers ses infimes possibilitées et pourvu que cela résonne en lui.

Parfois écrire, peindre, chanter, créer tout simplement sauve la vie, redonne couleurs et réveille en nous notre vivance.

Combien d'auteurs, de peintres etc ont trouvé une issus salvatrice au sein de l'art, au sein de leur art.

La poésie par exemple, comme la cure de l'analyste est un lieu de soulagement, lieu de recueil, d’accueil inconditionnel, lieu du sacré où l'ont peut se raconter. Parfois, quelque chose de l’ordre de l’impossible à dire fait défaut et entrave le reste de la personnalité rendant insoutenable la capacité à vivre. C'est alors que le processus de création peut devenir salvateur. DERRIDA affirmait que «  ce qu'on ne peut pas dire, il ne surtout pas le taire, mais l'écrire »1

L'écriture a été salvatrice pour Marguerite DURAS. Son écriture, telle une ancre qui la relie à la vie est une tentative permanente de lien afin de donner un sens à son existence.

Au fur et à mesure de votre processus de création vous pouvez découvrir votre âme créatrice qui trouve à son tour, l'occasion de se raconter, de s'exprimer, d'exister en se frayant un chemin dans ce monde mouvementé. Et aujourd'hui, ô combien ce monde est mouvementé. L'art permet de s'enraciner, de s'ancrer pour ne pas chavirer...

 

1J. DERRIDA L'écriture et la différence 2004

 

Angélique MARCOS

Art-thérapeute

 

Processus

Se "raccommoder" grâce à l'art-thérapie

Par Le 24/05/2020

  Au fil de soi...

Se raccomoder signifie remettre en état. 

Se rafistoler signifie se réparer grossiérement ou plutôt, j'aime à penser avec les moyens du bord, comme on peut... 

Voilà ce que l'on peut faire en art-thérapie: se raccomoder, se rafistoler dans le sens métaphorique du terme. Et d'ailleurs, pour certains artistes il n'y a qu'un pas entre la métaphore et la réalité, comme avec YUNG CHENG Lin ou Eliza BENNET. 

Cheminer en art-thérapie, c'est pratiquer la métaphore de soi. C'est un espace où le patient, à l'aide du processus de création symbolisera ses traumatismes, ses conflits intérieurs, ses souffrances, qui n'ont pas pu être intégrer au cours du développement... L'espace art-thérapeutique  permet d' "amener le patient à jouer là où il n'est pas capable de jouer" Winnicott, Jeu et réalité.

Dans un processus d'accueil et de transformation de l'histoire, l'art-thérapie est selon moi la plus belle des thérapies (évidement je prêche ma paroisse !). L'art-thérapie permet non seulement de faire le "récit" de soi mais aussi de réactiver la pulsion de vie, de créativité qui habitent le patient. Elle le sort de sa zone de confort, elle lui ouvre des chemins qu'il ignorait sur lui-même. Son mental se met en veil. Ses mains racontent ce que son inconscient, son corps, ses émotions, son enfant intérieur ont à dire. Un dialogue interne se met en place où le verbal n'est plus le coeur du processus thérapeutique. 

L'absence ou l'insuffisance des soins maternels et l'art-thérapie 

Lorsque le bébé vient au monde et même bien avant, la maniére dont le nouveau-né va être porté, manipulé, nourri, chéri mais aussi la maniére dont on va lui parler, lui chanter des berceuses ou non, va constituer un bain multisensoriel. Ce dernier va constituer un élément fondamental dans son développement psychique voir même physique (concepts théorisés par WINICOTT avec le holding, handling et object presenting). Ce bain multi sensoriel ET émotionnel dans lequel il va  baigner, va petit à petit constituer son enveloppe psychique avec laquelle il devra composer toute sa vie. C'est ce que DIDIER ANZIEU élabore dans son livre le Moi-peau. C'est le sentiment de soi, c'est le processus d'individuation.  

"Le Moi-Peau désigne une figuration dont le moi de l’enfant se sert au cours des phases précoces de son développement pour se représenter lui-même comme moi à partir de son expérience de la surface du corps. L’instauration du moi-peau répond à un besoin d’une enveloppe narcissique et assure à l’appareil psychique la certitude et la constance d’un bien être de base.
Le moi-peau trouve son étayage sur trois fonctions de la peau:

C’est le sac qui retient à l’intérieur le bon et le plein de l’allaitement/biberon

C’est la surface qui marque la limite avec le dehors et contient celui-ci à l’extérieur

C’est un lieu et un moyen d’échange primaire avec autrui." Vincent Joly, professeur à l'université de Paris Descartes

Lorsque les soins maternels font défauts, l'enveloppe psychique/moi-peau va se fragiliser, voir dans les situations les plus graves (psychose), se morceler. 

Plus tard, ces défaillances vont entraîner des difficultés à se sentir sécurisé, des troubles d'attachements vont se répercuter sur l'environnement (enfant, famille, conjoint(e), travail...). Mais aussi sur la confiance en soi, l'estime de soi,  sur les capacités à se structurer, à mener un projet à terme, à se concentrer, difficultés attentionnelles,... 

Quelle analogie existe t'il entre les carences en soins maternels, le moi-peau et mon histoire de raccomodage me direz-vous ? 

La couture, le textile en art-thérapie, peut venir renforcer, aider à la reconstruction d'un Moi-peau fragilisé. Lors de mes observations cliniques, j'ai constaté une analogie entre la symbolique du tissu, de la couture : raccommoder, relier, délier, remplir l'intérieur, superposition de couche... et la peau.

En travaillant la matière textile, le patient donne forme à un autre corps, à une autre peau sur laquelle , il va pouvoir rejouer ses blessures et les panser. Parfois recréer une sorte de peau à peau. Le patient donne naissance à une création, met en forme une partie de sa psyché, de ses manques, de ses blessures.  Puis au fil des dispositifs, il va les transformer, les relier ou délier, leur donner une nouvelle forme, une nouvelle texture avec d'autres tissus pour enfin arriver à quelque chose de supportable, d'apaiser voir de réparer. Dés lors, une autre issue est possible. 

L'art-thérapie textile ( livre textile, confection de poupée thérapeutique, création de son premier nid, toucher sensoriel ...) va permettre également de travailler symboliquement les liens familiaux, les liens à soi, à son corps. Par le biais du fil, c'est le lien à soi, à la mère, au père ect que le patient réactualise et réinvente par le biais de ses productions. Ce processus engage parallélement un deuil symbolique. En déliant, en raccomodant, le patient laisse aller certains fonctionnements psychiques devenus trop coûteux énergétiquement.

Parfois, couper des fils se transforme en métaphore du cordon ombilical que l'on coupe pour ensuite renaître. Evidement, ce processus se retrouve avec d'autres dispositifs mais il me semble que le tissu et la couture soit particuliérement pertinente dans les problématiques de carences affectives précoces. 

Histoires cliniques

Lors de séances en art-thérapie à support textile auprés d'une jeune femme avec une structure psychotique, j'ai été surprise de la profondeur de cette séance. Je lui avais proposé de représenter une poupée en tissu. Elle représenta sa poupée avec un contour complétement morcelé, un intérieur sans consistance qu'elle avait elle même souligné. Elle a ensuite "joué" avec sa poupée ce qui lui a permit durant le temps de l'échange de diminuer son faux self. 

Mais également, chez une petite fille dont les soins maternelles étaient défaillants avec une représentation de son moi-peau sous forme de peau arrachée. Elle ressentait   le besoin de réparer, de recréer une nouvelle peau avec des formes animales.

En outre, j'ai observé auprès d'une dame portant en elle des carences en soins maternels précoce, un premier contact avec son enfant intérieur. Elle a pu prendre soin de lui en lui apportant les soins nécessaires. Concernant cette dame, les autres dispositifs n'avaient pas permis cet accés là. Les protocoles en art-thérapie textile ont été une étape décisive dans l'évolution de sa thérapie. Cela s'est traduit dans sa tenue vestimentaire (mettant en avant sa féminité), dans son rapport au monde (plus positif et plus sécurisé) et dans ses rêves.  "Le surgissement de rêves au cours d’une psychothérapie « doit être considéré non seulement pour le matériel psychique qu’il offre au psychanalyste, mais pour le témoin qu’il est d’une activité psychique en mouvement et structurante pour le sujet. Le rêve est le moyen de l’évolution psychique »" Dejour, Le corps d'abord, 2003

Lorsque l'alliance thérapeutique est faite et après plusieurs séances d'expression de soi via d'autres supports, je propose réguliérement des supports textiles où la personne va pouvoir coudre, découdre, arracher, raccomoder, superposer les couches, créer des formes (poupées, animaux, ...). Puis les faire évoluer à travers d'autres dispositifs.

Les troubles d'attachement et les défaillances issus d'un moi-peau fragile ne se travaillent pas seulement à travers les supports textiles que je propose mais également dans l'enveloppement, dans la contenance que j'améne au sein de mon cadre thérapeutique. Il faut en général plusieurs séances avant que la personne ne soit prête pour effectuer cette démarche avec le tissu et la couture. Tout en respectant le rythme de la personne, je m'adapte à elle, à son tissage intérieur. 

Angélique Marcos

Art-thérapeute 

Image: Paula Schlindwein

Nouveau site Internet pour Votre organisation

Par Le 23/05/2020

Votre organisation se dote d'un nouveau site internet : "Art-thérapie Cartigny". Ce site vous permettra de découvrir l'entreprise et de rester en contact avec nous.

Ce site est actuellement en construction, mais nous travaillons activement pour que Votre organisation se dote d'un site web complet et agréable à utiliser !

Nous vous souhaitons une bonne visite sur notre site Internet

Toute l'actualité sur le blog

Par Le 23/05/2020

En plus d'un site Internet de présentation pour la société Votre organisation, nous voulons vous proposer un blog afin de partager l'actualité de l'entreprise. Ce blog, disponible directement sur le site Internet, nous permettra de communiquer avec nos clients et de parler de la société, son actualité, la vie de l'entreprise, présenter nos clients, etc.

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